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L’avortement sécurisé est un soin de santé vital et salvateur!

Le 28 septembre — Journée internationale de l’avortement sécurisé Le mouvement inarrêtable pour le droit à l’avortement s’unit dans une solidarité indéfectible pour reprendre le récit et porter haut le thème de cette année: “L’avortement sécurisé est un soin de santé vital et salvateur !”

Le manque d’accès à des soins d’avortement sûrs, légaux, opportuns, abordables et sans stigmatisation constitue une crise de santé publique et une violation des droits humains de toutes les personnes susceptibles de tomber enceintes. Chaque jour, des femmes, des filles et des personnes de genres divers sont contraintes de recourir à des procédures à risque, une cause évitable de décès et de morbidité maternels.

L’accès à des soins complets et sécurisés d’avortement est une pierre angulaire de la santé reproductive et un droit humain fondamental. Pourtant, des forces de droite, nationalistes, fondamentalistes religieuses et autoritaires mènent des campagnes bien financées pour restreindre cet accès, diffuser de la désinformation et détruire des décennies de progrès réalisés par le mouvement pour les droits à l’avortement.

Ces attaques contre les droits à l’avortement prennent de nombreuses formes, mais elles ont toutes le même objectif : empêcher l’accès à des soins essentiels et salvateurs. Les lois restrictives et la criminalisation empêchent les femmes, les filles et les personnes de genres divers d’accéder à des services d’avortement sécurisé, forçant beaucoup d’entre elles à se tourner vers des solutions dangereuses.
Le contrôle des droits reproductifs a toujours été utilisé comme outil de domination politique.

Aujourd’hui, des gouvernements autoritaires et des acteurs anti droits instrumentalisent le corps des femmes pour consolider leur pouvoir ,souvent sous couvert de “valeurs familiales”, de “culture traditionnelle” ou de “préservation culturelle”. En réalité, ces politiques discriminatoires renforcent des agendas patriarcaux qui privent les personnes de leur dignité et de leur autonomie corporelle. Les attaques se poursuivent également dans les espaces numériques, où les plateformes sont utilisées comme armes pour propager la désinformation, renforcer la stigmatisation de l’avortement et mener des campagnes de dénigrement contre les défenseur·e·s des droits humains. Des communautés misogynes comme la “manosphere” promeuvent des rôles de genre rétrogrades et présentent le féminisme comme une menace, alimentant une réaction plus large contre les droits reproductifs.

Ces attaques ne sont pas seulement idéologiques, elles sont systémiques. Les gouvernements détournent des fonds publics massifs vers la militarisation, la surveillance et la guerre, au lieu d’investir dans la santé. Ce sous-financement délibéré rend l’avortement sécurisé et d’autres services essentiels encore plus inaccessibles, en particulier pour les personnes vivant dans la pauvreté et dans des zones isolées. Dans le même temps, les groupes de défense des droits des femmes, les organisations communautaires et les mouvements de justice sociale subissent une répression croissante : coupes budgétaires paralysant les services, censure des médias indépendants, harcèlement des militant·e·s, interdiction de manifester, arrestations, voire accusations de « terrorisme ». Ce ne sont pas des incidents isolés, mais bien une stratégie visant à réduire au silence la contestation et à miner la démocratie.

Cette offensive oppressive n’a pas de frontières : elle est une réalité mondiale qui touche les mouvements féministes, LGBTQ+ et de justice sociale. Et ce sont les personnes déjà les plus marginalisées qui en paient le prix : les femmes, les jeunes, les personnes vivant dans la pauvreté, les travailleur·se·s du sexe, les migrant·e·s, les personnes en situation de handicap, et les communautés en conflit ou en crise humanitaire.

Ces attaques ne s’arrêtent pas aux droits à l’avortement : elles affaiblissent l’ensemble des systèmes de santé. Quand les cliniques de santé reproductive ferment, les infrastructures publiques déjà surchargées ne peuvent répondre à la demande croissante. De plus, la réduction des financements ne se limite pas à l’avortement : elle détruit aussi des services essentiels comme la contraception, le dépistage des IST, les soins maternels ou le dépistage du cancer. Le résultat est une crise de santé publique qui touche de plein fouet les jeunes, les personnes à faibles revenus et les communautés rurales, qui dépendent de ces cliniques comme véritables bouées de sauvetage.

Cependant, malgré ces temps incertains, notre force collective continue de générer des avancées. Nous le voyons dans le vote historique de la Grande-Bretagne pour dépénaliser l’avortement, dans la victoire juridique du Nigeria pour les survivantes de viol et d’inceste, dans l’adoption par l’Arménie d’une stratégie de genre fondée sur la SSR, et dans les progrès du Chili vers la dépénalisation jusqu’à 14 semaines. Ces acquis nous rappellent le pouvoir de la solidarité. Ensemble, en tant que mouvement inarrêtable pour le droit à l’avortement, nous continuerons d’avancer, parce que l’avortement est un soin de santé vital et salvateur, et que nos droits doivent être respectés, protégés et garantis.

Nous appelons nos allié·e·s de tous les mouvements pour la justice et l’égalité à se joindre à nous pour faire progresser le droit à des soins d’avortement sûrs, légaux, opportuns, abordables et sans stigmatisation. Ce n’est qu’à travers la solidarité que nous pourrons atteindre la justice reproductive, protéger l’autonomie corporelle et garantir la liberté reproductive pour tou·te·s.

Nous appelons nos gouvernements à :

  • Respecter les droits humains en établissant un cadre juridique et politique favorable qui dépénalise l’avortement, abroge les lois punitives et supprime toutes les barrières qui retardent ou empêchent l’accès aux soins (périodes d’attente obligatoires, conseils biaisés, autorisations de tiers).
  • Étendre l’accès à l’avortement sécurisé par des politiques inclusives élargissant les motifs légaux, prolongeant les délais légaux et garantissant que les prestataires qualifiés et établissements puissent offrir des services sans obstacles inutiles.
  • Protéger les droits des femmes, des filles et des personnes de genres divers cherchant un avortement, ainsi que ceux des prestataires de santé et défenseur·e·s des droits humains qui assurent l’accès à ces soins essentiels.
  • Honorer les obligations internationales en alignant les politiques nationales sur les normes mondiales en matière de droits reproductifs et de justice.
  • Investir dans les services et systèmes de santé universels, abordables et de qualité, garantissant des soins complets en matière de santé reproductive, y compris l’avortement sécurisé, sans stigmatisation ni discrimination.
  • Mettre en œuvre une éducation complète à la sexualité et garantir l’accès à des informations précises et fondées sur des preuves afin que chacun·e puisse prendre des décisions éclairées concernant son corps et sa vie.
  • Cesser la surveillance, le harcèlement et la criminalisation des militant·e·s féministes, LGBTQ+ et DSSR qui apportent des soins et un soutien vitaux.
  • Protéger les droits des personnes en situation de crise ou de conflit, en garantissant l’accès à des services complets de santé sexuelle et reproductive (contraception d’urgence, avortement sécurisé, accompagnement psychosocial).
  • Garantir les droits des personnes handicapées en éliminant les obstacles aux services DSSR, en assurant l’accessibilité et en luttant contre la stigmatisation et la discrimination.


Nous appelons les institutions et bailleurs internationaux à :

  • Prioriser les DSSR, y compris l’avortement sécurisé, dans les agendas mondiaux de santé et de développement comme essentiels à l’égalité de genre et au développement durable.
  • Financer les services et le plaidoyer pour l’avortement sécurisé, en garantissant un financement équitable et durable aux organisations féministes et communautaires, en particulier celles dirigées par des femmes, des jeunes, des personnes LGBTQ+ et des populations clés.
  • Condamner et résister aux mouvements anti droits mondiaux qui instrumentalisent les « valeurs familiales » et la « culture traditionnelle » pour saper l’égalité de genre et les droits humains.
  • Soutenir les droits numériques et l’activisme féministe en ligne pour contrer la désinformation, la misogynie et l’essor des idéologies extrémistes de la « manosphere ».
  • Renforcer la solidarité internationale en protégeant les réseaux transnationaux féministes et LGBTQ+ de la répression transfrontalière et des conditionnalités restrictives des bailleurs.
  • Tenir les gouvernements responsables de leurs obligations en matière de droits humains internationaux, y compris le droit à la vie, à la santé, à la vie privée et à la liberté contre la torture et la discrimination.
  • Intégrer la santé sexuelle et reproductive dans les réponses humanitaires, en garantissant que l’avortement sécurisé soit disponible même en situation d’urgence.


Enfin, nous appelons toutes celles et ceux qui s’engagent pour la santé universelle, la justice reproductive, la justice sociale et les droits humains à se tenir aux côtés du mouvement inarrêtable pour le droit à l’avortement. Ensemble, reprenons et affirmons la vérité : l’avortement est un soin de santé vital et salvateur, et nos droits doivent être respectés, protégés et garantis. Nous vous invitons à organiser des événements et activités, à amplifier l’information depuis vos pays et régions, et à vous mobiliser avec nous ce 28 septembre.